Quels mots doux ce garçon peut-il bien glisser à l’oreille de la jeune fille, tout en mangeant une pomme rouge pétant ? C’est la question que je me pose à chaque fois que j’entre dans le bâtiment qui est derrière, Bibliothèque et Archive du Canada (BAC), où je travaille depuis un mois.
S’il lui manque des idées, ce garçon pourra s’inspirer tout prochainement en visitant le site web « I do : love and marriage in the 19th century in Canada », exposition virtuelle développée par le service web de BAC. Pour fournir ce site web en documents numérisés, il a fallu pudiquement fouiller les fonds de plusieurs personnalités canadiennes de cette époque et trouver quelques indices de leur vie galante. Voilà donc ce que fut mon premier travail à BAC !
Je me suis donc plongée avec délice dans le journal intime de Jean-Joseph Amédée Papineau (fils du grand politicien et agitateur québécois Jean-Joseph Papineau), où il raconte sa rencontre avec Mary Westcott, les affres de l’amour contrarié puis les difficiles étapes pour pouvoir l’épouser. Moins aventureux mais tout aussi touchant, les lettres de Wilfried Laurier (premier ministre du Canada de 1896 à 1911) à sa fiancée puis femme, Zoé.
Quelques citations de Wilfried Laurier (inspirez-vous, messieurs):
- Je ne sais pas pourquoi je me trouve si bien ici, je crois que c’est un pressentiment du bonheur que j’y goûterai plus tard, car quand tu y seras, amie, ce sera le paradis sur terre.
- Je voudrais pouvoir te faire comprendre combien, oh!, combien je t’aime mais il n’y a pas de mot pour cela.
- Ma vie est attachée à la tienne […] Je crois que je t’aime encore plus qu’auparavant, du moins je ne puis interpréter autrement ce désir indicible que j’ai de te revoir.
- Mon amour n’est pas bruyant ni tapageur mais il est profond.
- En t’entendant dire que tu avais une confiance absolue, mon cœur a battu de joie. Oui, amie, je crois que je suis digne de cette confiance, car je t’aime, je n’aime que toi !
Et une belle tirade du romantique et révolutionnaire Amédée Papineau, alors qu’il essaie péniblement de terminer un travail :
“Mais, hélas! Deux fantômes se levaient sans cesse devant mes yeux, pour m’interrompre au milieu de mon travail! Chaque jour leur taille gigantesque croissait & m’étonnait ; avec leur taille croissait chaque jour leur insolence. Et les monstres, passant des menaces à la violence, osèrent un jour m’arracher la plume des mains & détruire mon manuscrit!...L’un portait une branche d’érable & sur la tête un bonnet phrygien; l’autre était armé d’un arc & de flèches. Le premier s’appelle Liberté & Patriotisme, le second s’appelle (m’a-t-on dit tout bas à l’oreille) l’Amour… »
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